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Jonathan Nossiter en tchat
Débat en direct, sur telerama.fr, avec le réalisateur Jonathan Nossiter à l'occasion de la parution d'une série de dix épisodes "mondoviniens" en DVD "Mondovino, la série", jeudi 14 septembre 2006 à 16 heures. La transcription de sa discussion avec les internautes est en ligne sur Teleram.fr : "Le vin est humain, ce n'est pas un produit" Forum "Mondovino : une critique du film." Tribune Libre cette tribune accueille toutes les opinions sur le film de Jonathan Nossiter, à condition qu'elles ne soient pas des attaques personnelles, qu'elles ne touchent pas à la dignité des personnes, qu'elles ne soient pas à caractère diffamatoire et qu'elles soient signées cepdivin@cepdivin.org Le vin horizontal Pour alimenter, c'est le cas de le dire, le débat ouvert par Mondovino, ce texte de Christian Coulon, "Le vin horizontal" extrait de son livre Ce que "manger Sud-Ouest" veut dire. En réponse notamment aux propos de cet oenologue qui, dans Mondovino, évoque avec un mépris incroyable les "paysans culs-terreux", citons en particulier cette phrase de C. Coulon : "Je partage tout à fait le sentiment de ces paysans dont parle Pierre Sansot, pris d'une "violente colère à l'idée que l'on les tenait pour quantité négligeable à travers ce qu'ils produisaient et qui était leur œuvre." (Amancio Tenaguillo y Cortázar - 08/11/04) L'opinion de Jean-Marc Quarin (oenologue) "Les vins faits au goût du client se ressemblent tous." (Bordeaux, le 10 novembre 2004) Suite... "Mondovino : je l'ai vu et vous recommande de le voir aussi" (Bordeaux, le 29 octobre 2004) Suite... MONDOVINO : LE FILM MONDOVINO : LA SERIE MONDOVINO : LE LIVRE Le goût et le pouvoir En savoir plus |
MONDOVINO La guerre du goût a déjà lieu Réponse d' Amancio Tenaguillo y Cortázar à la "Chronique (souvent) bordelaise - n° 182 - 25 octobre 2004" (reproduite ci-dessous), dont le sujet principal est Mondovino, le film de Jonathan Nossiter, et en particulier aux lignes suivantes :
"Tout le monde le sollicite, à croire que chacun trouve son intérêt à parler de cette "œuvre". Ainsi, en région bordelaise, (merci pour la projection), Jean Michel Cazes (Lynch Bages et ex Axa-millésimes) l'a intronisé "vigneron d'honneur" tandis que les tendances alter-anti le prennent comme sergent recruteur et se réfèrent à ses stéréotypes. Je cite : "La guerre du goût, entre les "visionnaires" au service des multinationales comme Michel Rolland et quelques irréductibles (pas seulement gaulois) pour qui le vin est véritablement un vecteur de civilisation et non un produit boursier". Rien à dire sur Jean-Michel Cazes et Axa-Millésimes, et si Jonathan Nossiter accepte d'être intronisé "vigneron d'honneur" c'est son problème, en tout cas cela n'interfère en rien sur le propos de son film qui dépasse largement le thème du vin. S'agissant de la citation finale, elle me concerne directement puisque c'est la phrase d'introduction à mon courrier électronique annonçant la diffusion en avant-première du film Mondovino au cinéma Utopia, à Bordeaux, le 2 novembre. Je conçois qu'elle soit quelque peu réductrice et qu'elle reprenne sans trop de distances les propos des organisateurs, l'AMAP Bordeaux-Vallée de l'Isle (Association pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne). Mais sur le fond, l'idée que le vin est un vecteur de civilisation et qu'il est le reflet de notre société, je n'en démords pas. Pour aller plus loin, rarement un documentaire (il est vrai, présenté en compétition à Cannes dans la sélection officielle) aura connu une telle médiatisation. Tout le monde en parle, ou presque, et beaucoup l'auront vu avant même sa sortie officielle le 3 novembre, à l'occasion des nombreuses avant-premières organisées un peu partout en France et en particulier dans la région bordelaise. De quoi sans doute agacer plus d'un, à l'image du rédacteur d'une chronique célèbre dans le monde des amateurs du vin : " C'est une bien vaste opération que le lancement de Mondovino… Même que vu le nombre d'avant-premières gratuites, le public risque d'être rare pour garnir les séances payantes. A se demander si telle est la préoccupation du distributeur. " (JP Dubarry "Que dire de l'oeuvre ?" se demande notre chroniqueur. A part qu'il n'a "pas ressenti de longueurs" (ce qui pourrait sembler contradictoire avec certains de ses propos du type : "Il est dit que 500 heures de tournage qui ont été réalisées. Vue la pauvreté de ce qui a été retenu, on se demande ce que peuvent être les 498 heures jugées moins bonnes") JP Dubarry accorde au film de Jonathan Nossiter le bénéfice, si l'on peut dire, de "son incohérence" : c'est de là, dit-il, que "le produit tire sa force". La formulation paraîtra choquante à tous ceux qui vont au cinéma pour voir autre chose que des "produits" ! L'auteur de l'article laisse entendre, de manière assez explicite, que "la juxtaposition d'éléments épars créant des impressions - a fortiori chez un public peu informé" relèverait purement et simplement de la manipulation, puisque "suggérant beaucoup sans que rien ait été dit..." Il me semble au contraire que c'est, d'abord, ce que l'on demande à une oeuvre intelligente (film, livre, musique...), et que cela relève, ensuite, plutôt de l'honnêteté intellectuelle du réalisateur. Qu'il y ait de la part de Jonathan Nossiter une utilisation particulière, et consciente, des techniques cinématographiques est assez évident. Encore heureux ! Mais là où JP Dubarry croit devoir reconnaître le meilleur des "pires films de propagande", j'y vois plus simplement l'engagement d'un artiste qui considère qu'il y a une autre manière de filmer le monde (autre que celle qu'on voudrait nous proposer dans un format standard), et donc une autre manière de voir le monde. Le monde en général, pas seulement le monde du vin. Et cela ne peut passer que par l'œil d'une caméra subjective, nécessairement subjective, celle qui fouille le monde pour nous donner à voir autre chose que ce que nous croyons voir, car le monde n'est certes pas ce que nous voyons, dirait le philosophe Merleau-Ponty. Non, ce qu'on pourrait prendre, la première fois, pour des "maladresses de réalisation" ne sont pas de "vilaines roueries". L'utilisation de la caméra numérique donne des images qui sautent, parfois un peu floues, mais elle permet de retrouver, peut-être - tel est en tout cas le désir avoué du réalisateur - , le grain et les imperfections de certains films que les techniques modernes tendent à gommer. Et il en va du vin comme du cinéma. L'un étant la métaphore de l'autre. Mais au-delà, il s'agit aussi de retrouver la texture du sensible, et peut-être aussi la texture de l'idée. En cela, le vin - la manière de le faire, de le boire, d'en parler - est bien le reflet d'une société. Pour cela, Mondovino est un film intelligent et beau (comme le concède parfois JP Dubarry). On ne nous fera donc pas avaler n'importe quoi, ni un vin qui a perdu toute saveur parce qu'il est fait par des techniciens dont le seul objectif est le profit immédiat - et dont on se demande parfois, à les entendre, s'ils ont la moindre culture du vin -, ni des politiques délirantes et fanatiques menées par des présidents inspirés par le divin, ni plus généralement une société d'où seraient bannies toutes les valeurs humanistes. Et qu'on ne dise pas qu'il ne s'agit que d'anti-américanisme primaire. Lisez donc à ce propos les Aventures d'un gourmand vagabond de l'américain Jim Harrisson : "Le goût est un mystère qui trouve indéniablement sa meilleure expression dans le vin." Mystère du vin qui rejoint le mystère de la vie, pour Jim Harrisson, qui ne peut boire du brouilly sans penser aux cuisses féminines. Les fantasmes et les fantômes on le sait, c'est du pareil au même. Les uns et les autres hantent le monde du vin - pas seulement -, en Europe et ailleurs. Le monde du vin ? Mondovino n'est pas un film sur le vin ! Mondovino est un film sur le vin ! Avec le vin toujours "une histoire commence" dirait sans doute notre ami Jean-Claude Pirotte, écrivain pour qui le vin est un art de vivre et d'écrire. De cette histoire universelle et immémoriale, le film de Jonathan Nossiter montre les enjeux culturels, économiques, politiques, et pour tout dire, éthiques. Mondovino n'est pas un film sur le vin, non, c'est un film sur l'homme et sur notre société. C'est une œuvre, vraie, jubilatoire, pleinement engagée. Une œuvre, quoi, sans aucun guillemets. Amancio Tenaguillo y Cortázar
Président de CEPDIVIN vendredi 29 octobre 2004, mail envoyé à 14h53 JP Dubarry - Réponse à la réponse : (copié collé du mail reçu le 29/10/04 à 18h36) Bonjour, et merci de votre envoi, je me trouve très honoré de l'écho que vous avez bien voulu à mes petits commentaires. je ne voudrai pas lasser, ni gêner non plus que passer du temps à rédiger pour inportuner, ce n'est donc pas un droit de réponse que je demande (d'ailleurs cela aurait-t-il un sens sur internet ?) mais je maintiens que Nossiter a fait un film malhonnête, malhonnête au service d'une bonne cause ? c'est aaire de jugement et "la fin justifie-t-elle les moyens?", c'est affaire de conscience Si donc, . cela ne lasse pas (trop), .ne gêne pas .. et doit être repris sous cette belle mise en page sur fond Bordeaux (ou sous un jaune très clair et légerement paillé de ces blancs secs que Bordeaux a eu tort de négliger) ..... je peux expliciter quelques uns des exemples qui me ont dire que Notisser a fait une oeuvre malhonnête c'est à dire allant au dela de la mauvaise foi qu'un esprit libre doit savoir accepter dans un pamphlet. J'arrête pour profiter un peu du soleil girondin PS, cependant : 1 - Je précise, mais est-il besoin, que ma citation d'un extrait écrit par Monsieur Amancio Tenaguillo y Cortázar n'était en rien una attaque à son égard (je ne savais pas d'ailleurs qui était l'auteur de ces lignes). 2 - Quant à "l'idée que le vin est un vecteur de civilisation et qu'il est le reflet de notre société", je crois que tout le monde partage cette idée et que c'est mal commencer un dialogue qui se voudrait fructueux que de laisser entendre qu'elle caractérise la thèse qu'on défend et que l'interlocuteur, lui, est un vilain qui pense le contraire.. JP Dubarry (ddubarry@club-internet.fr) vendredi 29 octobre 2004
réponse à la réponse de la réponse Il ne s'agit pas de faire de la polémique pour le plaisir, là n'est pas le sujet, mais je persiste à penser que le film de Nossiter est une oeuvre honnête en ce sens que l'auteur n'a pas voulu cacher ses propres sentiments. Il revendique la subjectivité de son propos. On est libre d'y adhérer ou pas. Dans tous les cas, le film voulait soulever des questions, provoquer des réactions. Cet échange sur internet prouve que ce n'est pas inutile, bien au contraire car "le vin, c'est beaucoup plus que le vin" (dixit encore Jean-Claude Pirotte). Je ne suis pas certain que tous les acteurs du monde du vin partagent cette idée, en dehors d'un discours convenu. Amancio Tenaguillo y Cortázar 29/10/04, 21h15 JP Dubarry (ddubarry@club-internet.fr) Chronique (souvent) bordelaise - n° 182 – 25 octobre 2004 - reçu par mail le 29/10/04 à 01h08 "1 – C’est une bien vaste opération que le lancement de Mondovino…. Même que vu le nombre d’avant-premières gratuites, le public risque d’être rare pour garnir les séances payantes. A se demander si telle est la préoccupation du distributeur. Que dire de l’œuvre ? a – C’est à voir. … La projection dure, paraît-il, 2h. ¼ et je n’ai pas ressenti de longueurs, à l’exception de l’excursion argentine et de démêlés confus avec Wine Spectator à Florence. b - C’est à voir …. au premier degré A voir comme on parcourt une série de cartes postales, comme on feuillette Gala (chez le coiffeur). Pas plus que chez Delon ou à Monac, je ne serai invité à la Winerie Mondavi ou chez Parker, alors je suis content que l’on me fasse visiter le salon, la salle à manger et même la cuisine. c – C’est à voir …. sans réfléchir. Il ne faut pas se prendre la tête, ne pas rechercher une cohérence d’exposé, pas vouloir comprendre ce qui est dit, ne pas se demander pourquoi c’est dit. Le produit tire sa force de son incohérence, de la juxtaposition d’éléments épars créant des impressions – a fortiori chez un public peu informé – et de suggérant beaucoup sans que rien ait été dit… presque du subliminal. d – C’est à voir aussi pour ….. admirer la générosité des producteurs (ceux du film). Pendant 4 ans, ils ont – dit-on - financé l’équipe de réalisation et ses voyages. Cela dépasse la prodigalité. Aux normes des chaînes du câble, c’est 4 semaines qui auraient été accordées pour recueillir la même information et encore, la chaîne aurait exigé une meilleure qualité d’images. A titre de comparatif, en 4 ans c’est, je crois, la durée qu’il a fallu pour réaliser Micromégas et le Peuple Migrateur. Appréciez la différence. e – Ce n’est pas à voir …. pour parler vin. Selon mon décompte sommaire, sur les 2h. ¼ de projection, . environ 1 h. est consacrée à autre chose que le vin : le meilleur céramiste de Californie, un nettoyeur de piscine qui fait des zigzags, la verrue de Robert Mondavi, un portail qui fonctionne mal, la religion de Madame Rotschild, l’éducation du fils Magrez. . pendant environ 1 h., on tourne autour du vin : Rolland demandant à son chauffeur de lui acheter le Figaro car il y aurait un article sur le vin, une vieille dame sympathique expliquant qu’elle a planté de la vigne à la mort de son mari pour donner un exutoire à son trop plein d’amour, le fils Montille s’agitant en short dans une cuve de raisins alors que les employés vaquent à d’autres occupations, Guibert cabotinant dans ses vignes, une comtesse florentine recherchant une commande d’Henri VIII…. . pendant un petit quart d’heure, peut-être, il est réellement question de vin …. mais de manière superficielle : Les Montille père et fille opposant les vins longs et les vins amples, sans plus, et sans exemple des "vilains amples". Michael Broadbent jugeant que "Rolland fait d’excellents Pomerol. L’ennui c’est qu’il fait du Pomerol partout où il passe". J’aurais trouvé intéressant que ce soit développé, que quelques spécialistes, voire Aimé Guibert, s’expriment sur cette affirmation, … mais rien . f – Ce n’est pas à voir … deux fois . La deuxième fois, on a le temps de mieux évaluer le propos. On se dit que ce que l’on avait pris pour des maladresses de réalisation sont de vilaines roueries. On se dit qu’en guise de gentils amateurs passionnés, ce sont de bons techniciens (ciné) à la déontologie élastique, usant de toutes les ficelles du métier. Celles reprises de la pub et celles venues des pires films de propagande. g – Il est dit que 500 heures de tournage qui ont été réalisées. Vue la pauvreté de ce qui a été retenu, on se demande ce que peuvent être les 498 heures jugées moins bonnes. Sauf à admettre une autre explication : On filme à tout va pendant les visites, avant le début des entretiens et bien après. Puis on trie pour retenir, souvent dans les parties que la simple correction place "off record", l’expression malheureuse, le sourire niais ou le propos anodin, qui sortis de leur contexte, permettent, par un montage habile, de suggérer n’importe quoi, en donnant, de plus, un vernis d’authenticité, un coté "pris sur le vif" qui renforce la crédibilité. C’est donc à voir également …. pour s’interroger sur la technique du "documentaire engagé" puisqu’il paraît que c’est à la pointe de la mode. g – Il est vrai que c’est à voir aussi …. pour la beauté du plan fixe sur le visage d’Alix de Montille, après qu’elle eut indiqué qu’elle quittait la Maison Boisset (encore que je n’ai pas totalement compris l’explication). Je serai prêt à beaucoup d’indulgences à cause de ce passage, utile à mon sens, mais il dure si peu et semble tellement étranger au reste du film. Conclusions : . C’est un pamphlet, efficace puisque utilisé comme tel, mais très pauvre en arguments. . Rien n’est plus mensonger et trompeur que ce type de produit lorsqu’il parvient à se faire passer pour un documentaire. . Allez le voir. Repérez les ficelles et les trucages. C’est un excellent exercice … un exercice facile. 2 – Jonathan Nossiter est un animateur charmant pour les discussions après film, d’une très grande courtoisie et d’une telle gentillesse lors des interviews qu’on lui donnerait le bon dieu sans confession, le parfait produit des séminaires (chers) "comment mettre le public de son coté". Tout le monde le sollicite, à croire que chacun trouve son intérêt à parler de cette "œuvre". Ainsi, en région bordelaise, (merci pour la projection), Jean Michel Cazes (Lynch Bages et ex Axa-millésimes) l’a intronisé "vigneron d’honneur" tandis que les tendances alter-anti le prennent comme sergent recruteur et se réfèrent à ses stéréotypes. Je cite : "La guerre du goût, entre les "visionnaires" au service des multinationales comme Michel Rolland et quelques irréductibles (pas seulement gaulois) pour qui le vin est véritablement un vecteur de civilisation et non un produit boursier". Heureusement, il existe de multiples voies pour apprécier et défendre la viticulture de qualité et l’on n'est pas obligé d’endosser ces fantasmes. Mise en ligne : 29/10/04
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