Introduction
De Dionysos à Noé, le vin est à la source mythologique des civilisations. Au fil des âges cependant, le vin va se désacraliser et son usage se privatiser. D'officiel, boire deviendra officieux, voire clandestin. La jouissance collective fera place au plaisir solitaire, l'extase à l'oubli, l'ivresse à l'ivrognerie.
Le christianisme a été le propagateur de la vigne et le propagandiste du vin en France. En 816, le Concile d'Aix-la-Chapelle encourage les viticultures épiscopales et monastiques. Le vin, indispensable au sacrement de l'Eucharistie, doit également être une monnaie d'échange, un élément de force économique et un moyen d'honorer les grands du royaume. Jusqu'à la fin du Moyen Âge, la viticulture ecclésiastique nourrira la puissance et la gloire de l'Église romaine. L'ancienne France monarchique a définitivement fixé l'entretien des vignobles comme culture traditionnelle.
Si on devait faire une sorte de "portrait chinois" de l'histoire du vin au cours du dernier demi-millénaire, le Bordeaux représenterait le XVe siècle, le vin de Touraine le XVIE siècle, le Champagne le XVIIe, le vin d'Ile-de-France (on disait autrefois "le vin de France") le XVIIIe siècle, le vin du Midi le XIXe siècle, le Beaujolais le XXe et le début de ce nouveau siècle qui aime tant s'éclairer au "néo".
Nos vignerons détiennent l'art de cultiver la vigne et la manière d'élaborer le vin. Ce vin qui fait la France connaît aujourd'hui son âge d'or, de la Champagne à la Provence, du Nord au Midi. D'Egypte et de Grèce, le vin s'est répandu à travers les âges de l'empire romain à l'Union européenne, puis au-delà de l'océan Atlantique vers le Nouveau Monde viticole. Fruit de l'espace et du temps, produit de la mythologie et de l'oenologie, le vin est le compagnon de route des civilisations.