Portrait de Jean-Claude Pirotte en clochard céleste
Jean-Claude Pirotte (1939-2014), “le fils du vin et du brouillard”
“Jean-Claude Pirotte marche toujours dans le brouillard. Jean-Claude Pirotte est né dans la brume, à Namur (1939), et les densités grises ont nourri son muscle cardiaque. Jean-Claude Pirotte est un poète et, comme tous les poètes, il a eu mille vies. Il connaît le lait des petites aubes traversées comme un chien féral. C’est un fugitif, un avocat, un buveur, un peintre, un érudit, un vagabond. Souvent, j’écoute sa voix. Une pivoine froissée me sourit. Aujourd’hui, il fait gris. Et c’est comme un hommage des nuages. Je le sers dans mes bras vides. La cavale a repris. Ses livres ne sauvent pas le monde, ils écopent le radeau, ils tiennent tête au stupide horizon, ils demandent pardon sans rien dire, ils boivent la pluie, ils disent merde et merci. Jean-Claude Pirotte sait qu’il est minuit depuis toujours. Il “jardine sa misère” et la partage avec la main, un mégot, une phrase de Chardonne, un tableau de Morandi. Il est le passeur sombre. L’ami de tous les exilés du matin. Le fils du vin et du brouillard. Il m’a fait découvrir Dhôtel. Il me manque.” (pp. 148-149)
Thomas Vinau, 76 clochards célestes ou presque, Le Castor Astral, 2016.
Pour en savoir plus sur Jean-Claude Pirotte, voir l’hommage rendu par CEPDIVIN
Laisser un commentaire