Club CEPDIVIN | Des bordeaux à part
Expression des terroirs / Vignerons d’expression
Vive le Sud et vive nos vignerons
Dégustation du Club CEPDIVIN
Vendredi 23 mai 2014 à La Cave à Part, à Talence.
- Les Closeries des Moussis (Laurence Alias & Pascale Choime)
- Les Trois Petiotes (Valérie Godelu)
- Clos 19 BIS (Vincent Quirac)
La soirée dégustation organisée le 23 mai 2014 par CEPDIVIN à La Cave à Part, à Talence, a permis de rencontrer
des vignerons authentiques, et non des faiseurs de laboratoire, des tripatouilleurs de cornues, des escrocs de la ficelle et des chantres (ou des chancres) du “goût belge” et du monocépage pisseux à la mode amerloquienne.
Cette citation de Jean-Claude Pirotte (Expédition nocturne autour de ma cave) est l’occasion de rendre hommage à ce grand poète, ami de CEPDIVIN, qui nous a quitté cette même nuit du 23 au 24 mai 2014, à 74 ans.
Le poème suivant est une manière de célébrer ces “vignerons authentiques”.
Vive le Sud et vive nos vignerons
Vitupérins subjectifs je fis partie des vôtres
et souvent je passe encore pour un de vos apôtres
Bordeaux m’était harrassant je l’avoue
en boire me laissait flapi,
peiné et en asthénie
où était l’étincelle au nez au goût
tout ce raisin abêti sans raison
écrêté, pommadé, fardé, sans cartouche
mourrait dans ma bouche, technolo-gisant
plus mort que vivant
on en pérorait pourtant le nom
on le rimait à l’exceptionnel
à la quintessence, à l’affaire, au label
en oubliant qu’un vin est boisson
que son père & sa mère sont vignerons
qu’on le veuille ou non.
Que faire alors
si ce n’est prendre les traverses, l’escampette
aller au diable, virer de bord ?
Ces vins qu’on vouait aux gémonies à la vinaigrette
d’Ardèche, du Roussillon,
d’Anjou et de Cahors
il était temps de les connaître
de les comprendre ces trublions
ce fut comme renaître
ils nous réparaient derechef l’âme et l’ivresse
infusaient des plaisirs estompés racornis dissolus
communiaient de farouches liesses
redonnaient au vin des vices et des vertus
bref on était avec eux on était dans le jus.
Mais pendant que certains abreuvaient
les gosiers de peigne-culs dans les palaces
à renfort de grands crus payés à coups de liasses
d’autres ici sur nos côteaux dans nos chais
prônaient l’exigence et le retour à la décence
mais aussi l’envie de faire sauter les boutons du corsage
des vins de Gironde trop peu salaces et candidats au boursouflage
ils ressortaient des anciens les adages les préceptes des mages
buvant comme Li-Pô sous la lune
des rivières de fruits de fraîches lagunes
sans oublier la trame qui toujours porta haut
la réputation des cols de Bordeaux.
Et les voilà ce soir avec nous
ces femmes et ces hommes ces zazous
Des bordeaux de bord’eaux de Garonne, de Dordogne et de Ciron
3 petiotes nez délurés et nées affirmées chez Godelurette et Godelurron
Les closeries sans lilas aux parfums de haies de cassis de frondes des moussis
Et ce sacré numéro de Vincent t’en bois un tu dis bis t’en bois dix !
Grâce à eux et à d’autres aussi
m’est enfin revenu l’émotion
le goût des pampres et des grains charnus
qui coule dans mes veines de bordelais d’adoption
et me fait proclamer sans chichi
Vive le Sud et vive nos vignerons.
Ludovic Pautier – mai 2014.
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