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>> Jean-Claude Pirotte, Le vin des rêves

Hervé Sanson : Continuer ne pas continuer : l'écriture comme façon de dé-jouer la littérature chez J.C.- Pirotte


Au départ le ton est donné : l'écriture tue à petit feu. Il s'agit de faire durer la chandelle. La littérature, selon Pirotte, est le pharmakon platonicien dont on ne sait jamais s'il tourne en remède ou en poison. Dont la traduction ne peut jamais trancher pour l'une ou l'autre acception. L'écriture comme tauromachie, écrivait Leiris. Où l'on encorne et l'on est encorné. La littérature est avant tout affaire d'être - au monde. De positionnement. Non de virtuosité syntaxique ou rhétorique. C'est rejoindre la cohorte des déclassés, de ceux qui sont passés de l'autre côté. Qu'il y ait de quoi écrire.

On n'enseigne rien, décidément, dans les facultés. Non, on n'enseigne rien d'essentiel : à savoir, qu'il faut désenseigner. Et cela ne se transmet dans aucune institution : cela échappe aux méthodologies de tout apprentissage. Pirotte leur adresse un pied-de-nez, aux écrivains " avec patente ", aux tenants de l'Ordre littéraire, aux garants d'un statut normatif. Il manie avec une délectation empreinte d'ironie tours de rhétorique, figures de style, procédés littéraires afin d'en railler le bien-fondé, mais aussi montrer patte blanche, qu'on ne la lui fait pas, à lui, Pirotte, qu'il s'y entend aussi en termes d'adresse langagière. Et puis le bonhomme est double - au moins : il est le maquereaux de vies multiples qui finissent par lui claquer dans les doigts, comme le met en scène le narrateur de " Putains de vies " dans Il est minuit depuis toujours. Il faut bien qu'un double regarde par-dessus l'épaule de Pirotte et coupe l'herbe sous le pied de ses exégètes.


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