José Domingues de Almeida : L'expression de la nostalgie chez J-C. Pirotte
L'élaboration mythique de la spatiotemporalité, (ainsi que celle de la femme, du reste) constitue une marque particulière de la construction autofictionnelle de l'œuvre romanesque de Jean-Claude Pirotte. Elle fonctionne en tant que stratégie de l'autofiction, fondée sur l'écart mythique et "l'incohérence temporelle" (L'Epreuve du jour).
Conscients de leur incompétence narrative à restituer le passé, l'enfance, une époque révolue, - dont ils font dériver une pratique d'autodénigrement rare dans le contexte de la fiction narrative en langue française du moment -, les narrateurs se mettent à célébrer des épicentres spatiotemporels magnétiques, tels que Hoorn dans La Pluie à Rethel : "[…] c'était il y a vingt ans, j'en parlerai demain et chaque jour, c'était une autre vie que je ne ressusciterai pas" () .
Cette constante diégétique procure un fort effet de consistance intertextuelle interne, et consolide la cohésion lyrique de l'auteur-narrateur-personnage principal. L'aspiration à rejoindre une enfance mythique, "âge d'or" perdu selon l'expression même de l'écrivain (Lettre à Nanou, 25 avril 1976) ; époque merveilleuse faite de "paresse active", quoique marquée par la solitude, et l'indifférence parentale, sert de moteur à l'écriture, et d'antidote au "présent inhabitable" (BERTRAND, Alain - Jean-Claude Pirotte, Bruxelles, Labor, 1995, p. 58 ).
|