La (s)cène : Les complicités du Visuel
Sylviane LEPRUN
Professeur
Université de Bordeaux 3
Architecte, p+B2l
E-mail
Christian MALAURIE
Docteur
Chargé de cours
Université de Bordeaux 3
E-mail
Le partage du pain et du vin peut évoquer la convivialité festive et la trahison majeure. Dans La Bible le vin est aussi le lien entre le sacré et la temporalité du vivant. La symbolique qu'exprime le repas des Noces de Cana traduit tout autant le pouvoir du divin, l'indicible, qu'une sublimation poétique de la matière liquide. Dans ce récit, la transformation de l'eau en vin authentifie la force de la croyance, magnifie le geste du Christ et le cérémoniel. L'espace et le lieu ordonnent l'écriture scénique du rite.
Des images pérennes du dernier repas biblique structurent notre représentation de la scène. La théâtralité immuable de l'organisation : la table, les convives, les gobelets, le vin pour ne citer que ces éléments. L'analyse du dispositif renvoie précisément aux codes sensoriels dont le regard rend compte : "L'œil, en ses exercices, se trompe moins qu'aucun autre sens, quant à la luminosité, la transparence, l'uniformité et le milieu" écrit Léonard de Vinci dans Le traité de la peinture.
Plus proche de nous une installation performance réalisée aux Halles près de l'église Saint Eustache à Paris, par l'artiste Lucy Orta, pose précisément la question de la scène et des mystères joués sur l'esplanade des cathédrales. Cette action évacue la distance picturale au profit du goût et du toucher immédiat, des sons. La scène est ici socialisée au cœur de la cité.
Nous appuyant sur les principes énoncés par Léonard de Vinci, notre communication propose d'interroger les liens esthétiques polysensoriels et rituels du repas urbain créée par Lucy Orta avec sa représentation historique. Ce faisant, c'est la frontière entre ce que Léonard nommait "la réalité première des corps" saisie par la peinture et la matérialité physique du dispositif de l'installation qui sera considérée.
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