Cinéma américain et vin :
plaisir charnel féminin, amitié virile et repli sur soi.

Henri LARSKI
Docteur, Chargé de cours
Université de Metz, de Nancy2 et de Sarrebruck
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Cinéma américain et vin : une combinaison a priori contre-nature. En effet, dans le pays des boissons gazeuses et du whisky, les " repas filmiques " donnent rarement à voir ( et à boire ) du vin. La représentation visuelle du plaisir sensoriel lié au vin ne s'inscrit pas dans la culture américaine. Néanmoins, quelques rares cinéastes ont su penser le rapport du corps au vin dans des images liées à l'euphorie, mais une euphorie toute féminine. En fait, tous ces réalisateurs sont les créateurs des grandes mythologies féminines du cinéma américain. Quand ils filmaient une actrice, ils associaient sans peine l'élégance à la beauté, la culture à la classe. Dans les scènes de repas, le vin constituait souvent un élément constitutif de cette association. A l'inverse, quand le vin est lié à l'homme, il l'est presque exclusivement dans le cadre du péplum biblique ou du film historique. Le vin renvoie alors au sacré - c'est le vin de la cène - ou l'amitié virile - avec une touche sous-jacente d'homosexualité. Le plus souvent sacré et tabou se côtoient allègrement. De quelque manière qu'on l'envisage, il conviendra de montrer que derrière ces images qui associent l'élégance et la culture, le sacré et le péché, se dissimule une forme élégante de remercier l'Europe, dans les deux sens du terme : se tenir à l'écart du vieux continent tout en restant prisonnier d'un profond complexe d'infériorité historique et culturelle.