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La Peinture comme image sensible


Pierre GARCIA
Professeur
Université Michel de Montaigne, Bordeaux 3
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Poser la question de l'image et de la sensorialité c'est rapprocher deux termes que séparent l'immatérialité de l'image et la matérialité du sensible, source de la sensorialité. L'image, en effet, si elle se saisit des apparences du sensible ne peut se faire l'image qu'en se dégageant des substances, de la profusion et de l'impermanence du sensible ; et par là, elle est par nature a-sensible. L'image photographique est une image car elle ne recueille que l'écume du monde des visibles.

Inversement le sensible, confus, flouent, défait tout image. La scène de théâtre est action et mouvement, elle n'est pas image.

La sensorialité de l'image ne peut ainsi se déployer qu'en dehors de tout sensible ; l'image du beau visage privé de sa chair et de ses textures, c'est le visage sans ses éléments qui s'adressent aux sens.

La peinture cependant semble briser cet interdit. Elle fait image avec du sensible, avec des toiles, des bois ou des pâtes colorées. Ni objet sensible comme peut l'être la sculpture ou l'installation, ni pure image comme peut l'être la photocopie ou la quadrichromie, la peinture semble se trouver à un étrange seuil où le sensible s'imagise, où l'image se sensibilise. Et par là, comme le montrent deux de ses moments à cet égard privilégiés que sont l'icône et le baroque, la peinture ouvre les étranges possibles d'une image sensible.


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