Jean-Claude Pirotte

Ecrivain de l'extranéité et de l'exil existentiel, Jean-Claude Pirotte nous écrit certes d'un pays de nulle part, mais "nulle part, c'est partout" (Plis perdus), aime-t-il à répéter, et "le monde, il est vrai, ne doit son existence qu'à notre regard" (Un rêve en Lotharingie). L'écriture nous entraîne dans les plis du quotidien et les courbes des vignobles, "au fond des chais obscurs et du secret lumineux du paysage" (Autres arpents) : Cognac, Bourgogne, Sainte-Croix-du-Mont, Saint-Emilion, Cabardès, Arbois... "Le paysage a le sens de la mesure, l'homme qui marche le sait [... ] Le cognac [et le vin en général] sera, pour lui, une pratique obstinée de l'idéal." (Autres arpents) L'écriture est la quête d'un "vin qui n'existe pas", (Les contes bleus du vin), celui qu'on ne boit qu'avec ceux qu'on aime, "le vin perdu de Montolieu", le vin des rêves…

Amancio Tenaguillo y Cortázar

" Du bistro on ne voit pas les siècles passer ", lâchait Jean-Claude Pirotte dans ses mémorables Contes bleus du vin. Soliste, il est sans conteste notre meilleur interprète. Grand cru classé sans bruit, comme un secret à ne lâcher qu'aux initiés de grand chemin, il devient au fil de ses livres notre Nerval, quelquefois ivre et autrement grimé. Sonore à l'entendre, quelle belle voix! Chaque phrase sourd de lui et emprunte une musicalité extrême. Il cavale durablement, écrit pour continuellement se réinventer. Le voilà, à deux pas, il traverse sa vie un verre de littérature à la main.

Patrick Cloux, Un vin de paille