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La présence du vin dans l'imaginaire contemporain :
une pluralité de sens


par Eric Pothier


« Le vin est notre mémoire culturelle. Il a toujours fasciné les artistes et les poètes. Comme eux j’ai voulu évoquer les rites méticuleux de la vigne qui, depuis l'Antiquité, ont modelé les paysages et forgé un type de société. Mais j’ai surtout cherché à exprimer l’âme chantante du vin qui me semble être la part la plus lumineuse de notre culture et de notre art de vivre »

Alain Laborde [1]

 

Le vin inspire les civilisations, qu’elles soient monothéistes, païennes ou mercantilistes. Il a irrigué les pensées des hommes de la Méditerranée. L’évolution historique montre qu’il a pu conquérir l’Atlantique et plus récemment, explorer les rives du Pacifique. Mais ce vin conquérant, n’est-il pas devenu un produit économique ordinaire ? Le vin matériel – la vigne qui doit être cultivée, le moût qui doit fermenter, qui doit être vinifié et élevé… – est-il encore porteur d’imaginaire ? N’y a t-il pas un vin abstrait, intemporel vecteur de civilisation à côté d’un vin quotidien qui ramène aux exigences biologiques, tout juste bon à enrichir le spéculateur, éreinter le besogneux et abreuver le gosier ? La progression des techniques et des moyens matériels dans les vignes et dans les chais n’a t-elle pas irrémédiablement isolé le vin de sa culture ou plus exactement imposé des vins parallèles, sans correspondance concrète, l’un purement imaginaire, et l’autre froidement marchand. On pourrait se montrer sceptique quand à la part d’imaginaire que recèle le travail des vignes ou la technique des œnologues, au XXe siècle, à l’heure du machinisme, de la biochimie ou même aujourd’hui de la standardisation. On pourrait s’interroger sur l’intérêt culturel de ce vin concret, celui qui est produit, pour être vendu, pour être consommé…

En fait, le vin s’impose à notre conscience par l’influence qu’il exerce sur notre sensibilité. Toutes les attentions suscitées par le vin convergent sur le corps sous une forme autant pratique que culturelle. Le vin qui se boit est aussi un sujet dont on parle : une muse qui délie les langues. Le raffinement de la consommation depuis le XVIIIe siècle a renouvelé la culture du vin et le XXe siècle a inventé une forme de délicatesse qui confine au désistement et à la substitution symbolique, puisque avec la dégustation, le vin peut-être miré, humé, goûté sans jamais être absorbé. Il peut sensibiliser notre corps sans l’assaillir ni l’imbiber. Le vin contemporain sublime l’ivresse par une griserie de mots et devient un objet pur de poésie. Il faut bien reconnaître alors que le matérialisme du XXe siècle n’a pas stérilisé le patrimoine culturel multiséculaire du vin. Au contraire peut-être, les imaginaires se sont diversifiés et même fragmentés, renouvelés surtout. Le vin qui relève d’un langage universel contribue aux identités culturelles locales et constitue le ferment de petits territoires autant que la mémoire intime de chacun d’entre nous. Il faut bien admettre que la pensée du vin est irriguée d’une pluralité de sens. Emile Peynaud, un des praticiens du vin les plus reconnus du XXe siècle nous rassure définitivement :

« l’imaginaire du vin, cette valeur ajoutée à la fonction de boire, a été et sera de tout temps, pas seulement parce qu’il naît de la part inévitable d’inconnu, d’empirique, d’intuitif, de subjectif, de notre métier, mais surtout parce qu’il fait partie intégrante du plaisir raffiné de boire » [2].

Dans une certaine mesure la modernisation matérielle des techniques de production – et même l’industrialisation de certains de leurs aspects – a généré comme par un réflexe de compensation une référence assidue à ce qui inspire le passé. On peut ainsi discerner une première partie de siècle, dans laquelle l’imaginaire du vin s’inscrit dans l’ordre immémorial des champs, peut-être pour retisser le fil de la continuité rompu par les destructions du phylloxéra, par la perversion des vins et surtout par les troubles de 1907 qu’il faut ensevelir sous une épaisse couche de mémoire et de tradition. Les travaux de la vigne et du vin restent manuels et la notion d’origine puis de contrôle peuvent faire référence sans porte à faux « aux usages locaux, loyaux et constants ». Certes, le début du XXe siècle marque en France, pour toute la société « la fin des terroirs ». Les cultures locales sont désintégrées « par le modernisme et leur absorption par la civilisation dominante de Paris et des écoles »[3]. Mais les élites locales ont élaboré des « contre-images », ont lancé une « riposte provinciale »[4] efficace. Christian Coulon qui a analysé ce phénomène paradoxal dans le domaine de la gastronomie estime que « c’est du coté du changement qu’il faut chercher les racines de nos traditions culinaires. Celles-ci sont l’expression des évolutions qui ont marqué nos sociétés locales et des représentations dont elles ont fait l’objet »[5]. La France était vue au début du XXe siècle comme « une composition harmonieuse de ‘’pays’’. Ces ‘’terroirs’’ étant le socle de la patrie charnelle ». Le mouvement qui a initié la fondation des premières appellations viticoles – toutes assises sur des références anciennes patiemment collationnées – se situe dans ce contexte et avec une dynamique comparable. C’est ainsi que le vin a esquivé l’uniformisation et la dépréciation qui le menaçait, il a conforté les valeurs culturelles qui soutenaient son économie.

Progressivement ensuite, au cours du XXe siècle, lorsque le machinisme fut trop présent dans les vignes, l’inox dans les chais, le consommateur trop vagabond, le monde du vin n’a pu se contenter de proroger les représentations anciennes, il a du radicalement réinventer son rapport au passé, en introduisant artificiellement des simulations de ce dernier dans les usages actuels. Ainsi le vigneron « conforte les visiteurs dans leurs stéréotypes vis-à-vis du vin : un produit noble et traditionnel. Les panneaux fixés sur les murs des maisons renforcent cette idée : parchemins, lettres gothiques, blasons présentent l’exploitation, le propriétaire et son vin. La tradition et l’Histoire deviennent des supports publicitaires. […] L’authenticité est également mise en scène en utilisant les techniques » ou les objets anciens[6]. L’ancien est devenu la légitimité du vin moderne. Mais ce bain culturel n’est pas tout à fait un artifice. Il est surtout le signe que le vin, en dépit de toutes les vicissitudes techniques conserve active son influence dans la sphère de l’imaginaire, du sensible et de la subjectivité.

La vigne enrichit les territoires qu’elle couvre de paysages et de coteaux inspirés. Le vin, énergie des sens, motive les mises en scène raffinées et pour cela participe à l’art de vivre et entretient les catégories du bon goût. Le vin, aussi est la muse du poète comme une métaphore éthylique de l’évasion recherchée. Il arrive un moment, enfin, où la vigne est choyée pour elle-même, sans détour. Elle devient l’objet unique du discours. Messagère des civilisations, la vigne a aussi fasciné pour l’arbuste qu’elle est, pour les fruits qu’elle nous abandonne, et les savoir-faire que nécessitent la transformation de ces derniers en ivresse. La vigne possède une personnalité. Les hommes à son chevet l’accouchent. L’écriture est alors attentive au labeur qui préside à sa mise en culture, combat avec la nature, avec la matière pour l’éreinter et l’orienter vers son humanisation – le vin est élevé. Ecrire le travail de l’homme sur vitis vinifera devient une mesure des rythmes du temps.

Avec la vigne se déclinent tous les temps humains possibles. La séquence élémentaire est constituée par l’instant du labeur quotidien, qui à chaque effort confronte le vigneron à la végétation récalcitrante, aux intempéries désespérantes, à la matière qui résiste à sa sublimation en vin. Une intuition jugera l’optimum de maturité, et lancera la récolte et la respiration est suspendue au passage d’un nuage de grêle qui rie des efforts de l’année. Le vigneron se survit dans le vin qu’il met au monde, au pied du pressoir, dans les cuves bouillonnantes et dans les ceps qu’il plante pour la génération suivante. Celui qui fait sauter le bouchon aussi communie à la temporalité immanente du vin. Il s’imbibe de la matière que le vigneron a projetée dans l’avenir. Il absorbe une parcelle de ce rêve d’éternité, de cette fascination pour la matière qui défit sa putréfaction. La cave est son royaume. Comme le carreau de vigne, c’est d’abord une propriété, un capital passionnel, une accumulation de temps dans un espace restreint.

Le sablier des vignobles demeure à travers un siècle de mutations intenses la sueur de l’homme et la sève du cep. Le vin exerce sur nos imaginaires une emprise cosmologique, celle des travaux et des jours. Finalement, la mise en scène du passé qu’opère le vigneron intéressé d’aujourd’hui n’est peut-être pas seulement un calcul, elle est aussi la formulation naïve d’un besoin, une allégeance renouvelée à une culture universelle.

L’écriture des travaux de la vigne est un hymne à la dureté des efforts manuels comme un antidote aux misères ouvrières, urbaines ou capitalistes. La culture du vin résulte en effet d’une histoire de gestes, mainte fois répétés, mais précis et adroits.

« Sans la mémoire des pratiques et des façons, fruit de la transmission d’une expérience sensible et gestuelle, les vignobles et leurs vins ne prendraient point rang dans les monuments, un peu spéciaux, du patrimoine français. Les vignerons sont aux vins de France ce que les architectes sont à nos cathédrales »[7].

Il faut écouter Gaston Roupnel lorsqu’il affirme dans cet ordre d’idée que « le travail de la vigne n’est pas seulement œuvre de force. Il réclame l’habilité réfléchie, et la subtile adresse. Pour donner à la vigne sa vraie santé, son heureuse prospérité, il faut ‘’la main de femme’’ »[8] parce qu’il ne s’agit pas d’un travail manuel banal, d’une production anonyme. La taille est une des taches les plus exigeantes. Elle nécessite de la compétence et de l’expérience : « s’agit pas de faire ça en rigolant »[9] a écrit Bernard Clavel. Le vin devient ainsi logiquement l’expression naturelle de ceux qui se sont échinés sur les ceps, courbés vers la terre, lui ont transmis une part de leur sensibilité, propriétaire ou tâcheron, mais toujours inclinés et humbles. Le vin est regardé comme le reflet de celui qui l’a accouché. Il n’est pas rare, dans le vignoble bordelais en particulier, les cas de propriétaires qui ont donné leur nom à la terre dont ils ont été propriétaires. Par le cep de vigne, le patronyme est devenu toponyme, et le sol plusieurs siècles après a conservé en mémoire le nom qui l’a civilisé ; et le vin puise son identité dans cette généalogie, millésime après millésime, en commémorant celui dont il est redevable. Le procédé est toujours usité et renouvelle le patrimoine viticole. Mais le fait n’est pas avéré seulement pour les vignobles prestigieux, qui comme des dynasties princières peuvent archiver les témoignages de leurs origines. La sueur que nécessite l’entretien de la vigne procure un attachement sentimental, renforcé par le hasard quand au produit, l’abnégation pour seul idéal. Les souffrances que vit le vigneron d’Albert Camus dans Le Premier Homme est une de celles qui atteignent un frère endeuillé de son jumeau. La vigne était devenue une partie intégrante du « vieux tout sec ». Il ne lui était pas plus concevable de se démembrer que de laisser derrière lui cette vigne à qui il avait tout donné. Sa vigne était son double, l’arrachage a été son suicide.

« Quand l’ordre d'évacuation[10] est arrivé, il [l’ancien gérant du domaine] n’a rien dit. Ses vendanges étaient terminées, et le vin en cuve. Il a ouvert les cuves, puis il est allé vers une source d'eau saumâtre qu’il avait lui-même détournée dans le temps et l’a remise dans le droit chemin sur ses terres, et il a équipé un tracteur en défonceuse. Pendant trois jours, au volant, tête nue, sans rien dire, il a arraché les vignes sur toute l’étendue de la propriété. Imaginez cela, le vieux tout sec tressautant sur son tracteur, poussant le levier d’accélération quand le soc ne venait pas à bout d’un cep plus gros que d’autres, ne s’arrêtant même pas pour manger [...], tout cela du lever au coucher du soleil, et sans un regard pour les montagnes à l’horizon, ni pour les Arabes vite prévenus et qui se tenaient à distance le regardant faire, sans rien dire eux non plus. [...] Quand tout a été fini, il est revenu vers la ferme et a traversé la cour trempée du vin qui avait fui des cuves, et il a commencé ses bagages »[11].

Il n’est ainsi pas naturel de jouir du vin sans se soucier des procédés qui l’ont accouché. Les plaisirs du vin s’entretiennent par la communion aux savoir-faire de la terre et de la vinification. Le vin privé de ce patrimoine collectif serait anonyme. Un vin sans nom. En tout cas ce ne serait pas un de ceux qui retient l’attention de l’écrivain. Il est en effet curieux de constater à quel point les procédés du vigneron sont explicites et constituent un langage signifiant pour la littérature. La chose du vin institut une culture spontanée, une connivence naturelle entre auteurs et lecteurs. Le spectacle viticole offre à un texte qui le met en scène les avantages d’une emprise locale et des racines affectives universelles. Au contact du vin, l’émotion s’incarne dans la matière et provoque la sensibilité, souvent par réminiscence de sentiments très profondément enracinés. Le vin est toujours très intime pour celui qui s’en approche. Ainsi, l’idée de vendange, pour moi, ce sont les sensations présentes depuis toujours mais qui ne s’exprime qu’à l’instant. L’esprit du vin les a accouché. C’était le froid, le noir, les portes ouvertes au vent. Les feuilles de tilleul mortes bousculées dans la cour raisonnaient aux oreilles d’une bourrasque rageuse. Il n’y avait pas d’humain. Ils étaient au chevet du pressoir. Un goût de moite et de bouillie – celle des châtaignes – se répand au rythme de la respiration. C’est toujours le soir. Toujours un équilibre perturbé, une attente. Le pressoir au loin, avec ses roulements de cataphractaire, réduisait la sueur acide du jour en sirop mielleux qui nappait le palais d’une poix rugueuse et gerçait les gencives de retours acidulés. Ce temps des vendanges me rappelle la fin de la récréation et sa cloche au tintement humide. Il éloigne toujours le soleil des grandes vacances beaucoup plus doux.

Ainsi, dans le domaine de la mémoire un vin sans identité exprimée, dénué de la prégnance de son passé, de la tutelle de celui qui l’a désiré, « n’existe pas » : « messieurs, mille regrets, ce vin n’a pas lieu »[12]. Mais dans l’ordre du sensible, le vin dont on parle « n’existe pas » :

« Car le vin ne séduit ni l’enfant solitaire que j’étais, ni le couard boiteux que je suis devenu. En vérité le vin me désespère, mais c’est un désespoir exultant. Je traque le vin dans les livres et les livres dans le vin. je croyais n’aimer le vin, ne nommer le vin que par haine de la littérature. C’est pourquoi je ne te parle toujours du vin qui n’existe pas. [...] Je crois, oui, je crois que la vie, le vin, ne cessent de nous ménager des surprises en nous restituant le passé, l’enfance, les belles images au détour d’une ruelle, ou dans l’éclat soudain de l’automne jaillissant d’un vignoble. Les merveilles nous habitent, elles se tiennent dans le clair-obscur de notre mémoire, dans le halo diffus de notre avenir aussi, elles sont là silencieusement présentes, au cœur de notre distraction, mais si doucement obstinées qu’elles s’inscrivent en nous pour façonner la part de nous-même la plus étrange et la plus familière, le tissu de notre être ». Le vin devient l’essence d’une quête sans fin, la quête de soi-même[13].

Avec les vendanges un point d’orgue est atteint dans l’expression des émotions et la libération des sens. Elles exercent sur les imaginations l’influence d’une période de renouvellement. Elles marquent l’aboutissement d’un cycle végétatif. Ceci permet de comprendre l’angoisse du vigneron confronté aux choix à faire pour réaliser le don que lui accorde enfin la nature. On mesure aussi l’émotion qu’il éprouve à la somme des efforts consentis une année durant pour amener cette dernière à s’abandonner ainsi. Le temps des vendanges s’exprime finalement comme un relâchement biologique de la société qui autorise une extraordinaire provision de sensations, celles qu’évoque par exemple le « flux de salive sucrée » de Henri Vincenot.

« À ce seul mot de vendange, il me vient à la bouche un flux de salive sucrée, au souvenir du jus âpre qui coule des grains pressés ; il me semble que des petits pépins, noirs comme des réglisses, craquent sous mes dents et répandent en moi leur savoureuse amertume. Je sens les grumes molles et ridées, déjà figées par les alternatives d’aubes glacées et de midis brûlants, je les sens s’affaisser sous la langue, livrant à mon sens ardent de Bourguignon la tiédeur de leur chair de fruit sec ; j’en sens d’autres, au contraire, gonflées à péter de sève vigoureuse, éclater, généreuses, sous la pression de mon gosier... Au bout de mes doigts, il vient une sensation de fraîcheur poisseuse, d’humidité parfumée, comme si réellement je manipulais les panières souillées de moût »[14].
Mais les vendanges sont un moment privilégie puisque les vignes alors appartiennent à tous les regards, et il suffit de se promener entre les règes pour être saisi par la sensualité des grappes qui pendent aux sarments.
« A l’époque des vendanges, il y a un plaisir charnel à se promener dans les vignes en cherchant des yeux ces grappes drues, fermes, compactes qui pendent entre les bois feuillus des ceps comme des pis gonflés de lait entre les cuisses poilues des chèvres »[15].
Pour qui, les vendanges n’évoquent elles pas des souvenirs émus ?

Le fil conducteur que suit l’imaginaire du vin après le passage des vendangeurs est guidé par la présence du tonneau. Dans la panoplie des contenants du vin la bouteille fixe généralement toutes les attentions. C’est regrettable. La surface glaciale d’une bouteille a t’elle jamais mis en émois ? Un tonnelier récemment, m’a confié comparer le contact du bois patiemment poncé à la caresse d’une peau féminine. Le verre n’évoquerait-il pas plutôt la frigidité ? Michel Bettanne lui aussi avoue « avoir avec les barriques un vrai rapport passionnel : il commence par l’odeur inimitable du chêne merrain dans les chais, ce mélange chastement sensuel de vanille, d’épice, de moka fraîchement torréfié qui embaume particulièrement pendant la fermentation des vins blancs » [16]. Le tonneau est une incarnation des savoir-faire d’autrefois. C’est l’expression la plus parfaite de cette sensibilité que confère le reflet du temps à certains objets. Si la bouteille avec son étiquette expriment l’image formelle du vin, supportent son identité prête à l’emploi, telle qu’elle est signifiée aux clients, le tonneau conduit l’imagination dans les profondeurs incertaines de la vinification et de l’élevage. L’embouteillage est un acte final qui précède immédiatement le débouchage. Il n’y a pas d’atermoiement fors l’œuvre du temps dans le caveau de l’amateur. Le tonneau, au contraire, suggère la représentation d’un vin en action, un vin en remords et en hésitation : c’est le vin du créateur.

« Oui, les plus grands vins de cette planète trouvent dans les plus belles origines du bois et dans le savoir-faire des meilleurs ouvriers tonneliers le mariage le plus propice à l’exaltation de leur saveur et de leur complexité. Tout est affaire de dosage aussi bien dans l’artisanat savant du tonnelier que dans le temps de passage du vin dans son écrin de bois. C’est cette double quête d’harmonie et d’équilibre qui font les grands vins. Sans le chêne travaillé, ciselé, chauffé que serait le vin ? Un squelette liquide, une esquisse en demi-teinte sûrement pas la sève et la terre dont parle si bien la Bourguignonne Colette »[17].
Le contact soyeux du tonneau excite en effet l’imagination concernant le contenu de ses entrailles ventrues. La présence d’un tonneau, dans un texte ou sur une illustration, évoque spontanément le vin en création, puisque effectivement, dès l’instant des vendanges l’avenir du jus fermenté ne doit sa réussite qu’à la résistance que le récipient lui opposera. Ce dernier lui donnera au sens littéral une contenance [manière de se comporter, de se tenir, de se présenter]. Au contact du tonneau la transmutation peut s’effectuer. Car c’est bien cela qui fascine dans la fermentation – « L’une des manifestations les plus fascinantes de la vie sur terre est la fermentation. Sa vigueur étonne, car les matières dont elle s’empare gonflent, s’échauffent, bouillonnent, éclatent, répandent de puissants effluves »[18]. Le fruit patiemment mûrit se désagrège à la fin de l’automne. L’homme par la transformation en jus prend le contrôle de la fermentation qui suspend l’inexorable dégradation de la matière. Et le tonneau est cet objet qui durant des siècles a recueilli la matière liquéfiée à la sortie du pressoir, ne pouvant plus se suffire à elle-même, et a été son allié pour affronter le temps. Comme une potion absorbée, les sens de l’homme sont vivifiés par cette métaphore d’éternité.

L’eau-de-vie que transcende Jacques Chardonne est une extrapolation de l’imaginaire intemporel du vin. Elle est l’ultime élixir que l’homme sait exprimer du raisin pour défier les lois naturelles de corruption de la matière organique. La distillation a été la suprême ingéniosité de l’homme pour surmonter les limites mentales de sa condition de mortel, et le tonneau toujours est l’indispensable complice de ses audaces.

« Pénétrer dans la pénombre silencieuse d’un chai, c’est un privilège. Il y a quelque chose de religieux sous ces voûtes où les voix s’assourdissent, où l’écho des pas se feutre, où les fragrances à la fois vives et douceâtres s’adressent à l’odorat comme le souvenir de souffles étranges et familiers à la fois. Il n’est pas besoin d’être un rêveur impénitent pour évoquer les forêts légendaires. Or, c’est d’une forêt bien réelle, et la plus noble, que viennent ces fûts et ces barriques. Les chênes de la forêt de Tronçais sont ici seuls admis, et c’est eux qui donnent au cognac les parois poreuses qui vont lui permettre, en vieillissant de respirer »[19].

Chantal Armagnac a écouté l’âme secrète qui bât dans les entrailles d’une pièce d’eau-de-vie. Les pulsations qui raisonnent nous transmettent le souffle mêlé d’une terre de vignoble et de chênaie ; de ce mariage naît le charme de l’Armagnac. Dans son ouvrage Armagnac. Les noces de la Vigne, du Chêne et de l’Homme[20], Chantal Armagnac a poursuivi cette conviction dans les moindres subtilités de ce vignoble aux traditions ancestrales. Après avoir mesuré la part de la nature et la part de l’homme nécessaires à la confection de l’Armagnac elle envisage la part du feu qui est « l’âme de la distillation ». Le feu est nécessaire autant à la création du tonnelier pour assouplir ses douelles qu’au bouilleur à tirer l’esprit du vin. Vient alors la douceur à l’un dans le replis ventru de l’autre… Dans le texte inédit qui suit[21], Chantal Armagnac a sublimé les vertus de l’eau-de-vie qui palpite au cœur d’une pièce de chêne. C’est ce que l’on peut appeler l’expression d’une civilisation syncrétique, puisque des Greco-romains naît le culte du vin, des Celtes la maîtrise de la tonnellerie et des arabes l’expérience de la distillation.

La flamme et la patience

Au sein des pièces des bois, transcendées par le feu, se fondent les vertus du chêne et de la vigne, réunis dans la plus parfaite intimité. Rencontre préméditée et attendue en vue d’infinies épousailles dans la pénombre et le silence des chais. Un sentiment profond s’empare de celui qui franchit la porte de ces lieux privilégiés. Se trouvent soudain réactualisés l’initiation vécue dans les bois, la fierté ressentie lors de la marche dans les sillons. Plénitude superbe, accord subtil : le chêne à la croisée des chemins, la treille contre le mur du jardin ne sont jamais anodins. On avance ému et respectueux, entre les rangées de fûts méticuleusement rangés et estampillés, conscient des attirances qui forcent le bois, conscient des valeurs intemporelles attachées au chêne et à la vigne, en ce lieu unique rassemblées.

L’origine géographique de l’arbre, le séchage des merrains, la chauffe de la pièce, le volume et l’âge de la futaille sont des facteurs aussi déterminants pour la maturation future de l’eau-de-vie que les caractères du cep et du vin qui ont généré cette dernière. La condition préalable à tout élevage est bien évidemment une eau-de-vie de qualité. Le premier signe visible des processus de maturation est l’apparition de la couleur. Du timide jaune paille à l’ambre profond, le chemin sera long car l’eau-de-vie se révèle avec une extrême patience. Les réactions qui s’en suivent, garantes d’une évolution sereine, relèvent de l’évaporation naturelle d’une partie de l’eau-de-vie, de l’extraction par l’alcool des substances spécifiques au chêne et de l’assimilation de subtiles doses d’air et d’eau, éléments nécessaires à toute gestation. Echanges d’air, passifs de par la porosité du bois, actifs lors des remontages pratiqués par le maître de chai. Adjonction progressive de petites eaux au moment de la réduction pour respecter le degré légal de commercialisation, exception faite pour les eau-de-vie millésimées, authentiques élixirs de vie, dont certains propriétaires s’enorgueillissent et qui sont mises en bouteilles à leur degré de vieillissement naturel.

Ainsi terroirs, cépages, alambics, fûts de chêne justifient la typicité et la diversité des armagnacs. Aucune autre eau-de-vie ne peut se prévaloir de telles richesses et complémentarités.

Le jugement sensoriel est la seule influence dont dispose le maître de chai pour exercer sa volonté sur la matière qu’il élève. Sans lui, le liquide fermenté se corrompt, devient une chose inqualifiable qui n’est même plus du vinaigre – condiment recherché qui a sa noblesse propre. Il abandonne l’ambition caressée depuis la fermentation qui avait été sa rédemption, et retrouve le destin assigné par la nature à la matière organique. Dépourvu de sensibilité, le savoir technique est aveugle. Le savoir-faire peut être considéré comme l’expression concrète du jugement sensoriel. Il s’agit d’un « savoir-faire sensoriel »[22], car en effet, l’exercice sensoriel auquel se livre l’homme du vin n’a pas pour finalité la satisfaction gratuite du corps. Les sensations – accumulations de représentations complexes – que génèrent son attention doivent agir sur la matière pour que se réalise son potentiel, pour atteindre le niveau de raffinement du vin recherché. « L’œnologue ne s’arrête jamais à la description du vin, sa tâche principale consistant également à agir sur lui pour l’élever dans les meilleures conditions »[23]. Ce rôle du savoir-faire sensoriel est particulièrement bien connu pour l’élaboration des eaux-de-vie qui vieillissent un grand nombre d’année et sont assemblées après de savants dosages. Le Cognac, par exemple, est généralement un mélange d’âges et de crus différents. Le maître de chai est chargé de créer les coupes qui doivent êtres comparables d’une année à l’autre quel que soit la variété de ses réserves. Sa mission consiste ainsi « à goûter, tester, comparer, noter. Pour cela, il lui faut être doué d’une mémoire sensorielle extrêmement sûre, tant au niveau de la langue que du palais, du nez, sans compter qu’il doit en permanence se tenir à jour. Dès lors, rien d’étonnant à ce que, dans beaucoup de Maisons, on devienne maître de chai de père en fils depuis des générations. C’est un don qui semble héréditaire, et l’apprentissage débute de bonne heure »[24].

La critique œnologique[25] qui se développe depuis la fin du XXe siècle a expérimenté une nouvelle déclinaison du savoir-faire sensoriel. Si le critique n’agit pas directement sur la matière, contrairement aux œnologues et maîtres de chai, pour transgresser les contraintes naturelles en s’efforçant au plus grand raffinement possible, il influence l’explicite de cette dernière. Il contribue à l’attribution de sa valeur relative, à son positionnement public dans une échelle de différenciation sociale. A travers eux, s’exprime une nouvelle forme d’écriture du vin dans laquelle le sensible fusionne avec le technique. Le jugement de goût qui est ainsi codifié est la formulation la plus récente d’une communion implicite à une culture particulière partagée à des titres différents par celui qui fait le vin, celui qui le boit et celui qui a pour fonction d’en parler. Elle est le signe d’une transmission de ses valeurs, d’une confrontation de mises en scène, d’une concordance de pratiques et d’imaginaires[26]. Cette littérature nouvelle concernant le vin s’élabore sur une représentation du temps qui lui est propre. Le millésime est son symbole : 1956 et la gelée, 1973 et la sécheresse… Ce millésime suscite toutes les attentions du vin moderne. Il est la synthèse des repères traditionnels de la végétation qui ont pour traduction humaine la succession des façons de la vigne.

Si le raisin a besoin de soleil et le moût de fermentation tumultueuse pour devenir vin, une part d’obscurité contribue à l’épanouissement de ce dernier, celle qui insonorise la cave. La cave qui désignait le renforcement souterrain de la France septentrionale destiné aux vins, évoque désormais, de façon beaucoup plus polysémique, leur conservation en général et partout. Elle est le lieu d’élection de tout amateur de vin. « Une cave, quelle que soit sa taille, constitue un ensemble original ; parce qu’elle en dit beaucoup sur les goûts, l’esprit et les curiosités de son propriétaire, elle a des vertus ‘’cosmiques’’, à la manière de ces tableaux de la Renaissance où se déploient de gigantesques batailles. Aucune règle ne fixe la composition d’une cave, sinon la passion nécessaire du vin »[27]. Emile Peynaud raconte avoir fait creuser sa cave personnelle avant de poser les fondations de sa maison[28]. Elle est en effet le local par excellence de la mise en scène du vin, que ce soit par désistement ou par ostentation, et souvent par le calcul nuancé des deux. Gilbert Garrier souligne l’évolution qu’elle a connu, du silence au spectacle : « la cave, ‘’salon du vigneron’’, ou de nos jours, chaque visiteur-acheteur est cérémonieusement introduit, n’était au XIXe siècle, qu’un lieu de travail à l’automne (ouillage et soutirage) puis de conservation du vin, où l’on pénétrait le moins possible »[29]. Mais ce basculement réside nécessairement dans l’idée même de celui qui resserre son vin : il le dissimule pour mieux l’exhiber.

Il y a au sujet de la cave comme une aura qui suggère l’idée d’anoblissement et de polissage, que ce soit chez le producteur encore ou le consommateur déjà. Le vin mûrit dans cet espace de retrait et d’évitement. Il attend. Il est confronté aux rigueurs du temps et de l’identité, car l’imaginaire des terroirs n’a pas tout donné au vin. Il lui faut se charger de la convoitise et du désir refoulé de celui qui l’a placé en observation. « Mais alors, vous buvez beaucoup, Emile Peynaud ? Non, mais j’ai une longue vie, c’est tout »[30]. Selon Marion Demoissier, le vigneron perçoit avec subtilité la fonction du temps dans la bonification des vins et réussit parfaitement à la mettre en scène. « Peu de produits sont ainsi autant marqués et signifiés dans leur dimension temporelle. Mais peu de produits s’offrent à une telle temporalisation. [...] la durée de vie du produit dépasse largement celle de la vie d’un homme. Mais néanmoins, [...] le temps souligne le caractère fragile de l’homme, le lien indissociable entre la vie et la mort. [...] la cave est le lieu qui se prête le mieux à une telle mise en scène du temps. [...] Voûte, mousse et humidité sont alors les emblèmes de la bonne cave matérialisant l’action bénéfique et visible du temps »[31].

Ainsi la cave qui évoque le vide salpêtreux des profondeurs, dans un simulacre nécessaire de repos éternel, représente un endroit de présence et d’intense émotion. Dans sa cave, s’accumule pour le vigneron de Charles-Ferdinand Ramuz la totalité d’une vie d’effort – une « bonne tiédeur » y règne. Son vin, d’année en année s’y est incarné. Il a suscité tous ses désirs. Il « quitte les choses de la-haut » pour ici « ou rien n’y change qu’à votre idée ». Ce vigneron est la réplique du « vieux » de Camu, celui qui n’a pu quitter sa terre sans arracher ses vignes. « Au bas d’un escalier de sept ou huit marches, il y a une porte verte par où on peut descendre sous la terre quand on est trop mal sur la terre. Et, tout à coup, on sent venir contre soi la bonne tiédeur qui règne là, une espèce de saison non terrestre et toujours la même, et toujours le même climat qu’on y tient prisonnier par le moyen des voûtes ; une nuit qui n'est dissipée que quand l’homme veut, et il vient avec sa lumière à lui, son soleil à lui, sa lune à lui. Alors toutes les autres choses sont quittées. On quitte les choses de là-haut qui se tiennent là-haut sous l’éclairage de l’injustice et de l’erreur. Sous l’éclairage de la méchanceté. Les choses de là-haut où tout change continuellement : et ici pas, ou rien n’y change qu’à votre idée »[32]. La cave couve les tonneaux qui telle des coquilles précieuses constituent les écrins d’une patiente éclosion, en attente de générations futures.

Ainsi le vin, comme une muse universelle qui aurait renforcé son pouvoir d’évocation en traversant les siècles inspire une totalité sensible dont s’abreuve les amateurs – ceux qui aiment – dans leur expérience du goût… et l’épreuve du temps… Tous aspirent au beau, celui des cinq sens.

« Sous l’arc des voûtes, sous le salpêtre scintillant, sous les longues stalactites de toiles d’araignées, la « marque » travaille au chaud, dans la tiédeur de ces treize constants degrés centigrades. L’été venu, les mêmes treize degrés changent, par contraste, les caves en glacières. Nous descendons dans le souterrain royaume. Une très légère buée bleue – on a soufré les tonneaux – épaissit l’air, sous les voûtes étoilées d’ampoules électriques. A perte de vue et pareilles aux perspectives sans issue qu’inventent les songes, les parois sont de barriques, de barriques et encore de barriques. Si, du doigt plié, nous les interrogeons en passant, toutes chantent qu’elles sont strictement closes et pleines de vin, bourguignon. Mais chacune répond à sa manière, chacune donne sa note de xylophone étouffé et lointain. [...] Ici […] un fleuve est prisonnier, fleuve de vin, réserve renouvelée que le temps n’épuise pas. Ici, on amasse pour le présent et l’avenir, on besogne pour durer, il faudrait écrire peut-être : pour résister »[33].

© Eric Pothier - Février 2005


Notes


[1] Alain Laborde transcende dans sa peinture ces « rites méticuleux » de la vigne et les descentes de servantes à la cave à vin.  
[En ligne] < http://www.cepdivin.org/persos/laborde/vin.html >. Page consultée le 2 février 05.

[2] Emile Peynaud, Préface à L’imaginaire du vin, Actes du colloque d’octobre 1981, Editions Jeanne Laffitte, Marseille, 1989, 417 p.

[3] Eugen Weber, La fin des terroirs, La modernisation de la France rurale, 1870-1914, Fayard, 840 p., p. 691.

[4] Alain Corbin, « Paris-Province », in Pierre Nora (Dir.), Les Lieux de Mémoire, Gallimard, Quarto, 1997, 4751 p., p. 2875.

[5] Christian Coulon, Ce que ‘’manger’’ Sud-Ouest veut dire, Editions confluences, 2003, 280 p., p. 43.

[6] Philippe Chaudat, Les mondes du vin, Ethnologie des vignerons d’Arbois, L’Harmattan, 2004, 252 p., p. 149-150.

[7] Georges Durand, « La vigne et le vin », in Pierre Nora (Dir.), Les Lieux de Mémoire, Gallimard, Quarto, 1997, 4751 p., p. 3711.

[8] Gaston Roupnel, La Bourgogne, Types et coutumes, Ed. Horizons de France, 1936, p. 119.

[9] Janine Niepce, Bernard Clavel, Les Vendanges, Paris, Hoédbeke, 2000, p. 16.

[10] Imposée par le Préfet au moment de la décolonisation en 1962.

[11] Albert Camus, Le Premier Homme, (1960), Gallimard, Poche, Paris, 2000, pp. 113, 114.

[12] Michel Serres, Les Cinq sens, Hachette, Pluriel, 2000 (1985), 461 p., p. 227.

[13] Jean-Claude Pirotte, « Le vin perdu de Montolieu », Autre Arpents, La table ronde, 2000, 159 p., p. 107.

[14] Henri Vincenot, « La Paulée » in Récits des Friches et des Bois, éd. Anne Carrière, 1997, pp. 96.

[15] Pierre Poupon, Plaisirs de la dégustation, p. 38.

[16] Michel Bettane, Préface à Jacques Puisais, La Tonnellerie, Un art au service du vin, Hermé, 2000, 139 p.

[17] Michel Bettane, Préface à Jacques Puisais, op. cit.

[18] Jean-Robert Pitte, Le vin et le divin, Fayard, 2005, 140 p., p. 7.

[19] Jean-Claude Pirotte, Autres arpents, op. cit., p. 132.

[20] La Renaissance du Livre, 2001, 156 p., p. 143.

[21] Chantal Armagnac a eu la gentillesse de me confier ce texte écrit en février 2005, ici textuellement retranscrit.

[22] Joël Candau, Mémoire et expériences olfactives, Anthropologie d’un savoir-faire sensoriel, P.U.F., 2000, 161 p.

[23] Joël Candau, Mémoire et expériences olfactives, op. cit., p. 99.

[24] Paczensky, Gert v., Le grand livre du Cognac, SOLAR, 1987, 222 p., p. 27.

[25] Jean-Luc Fernadez, La critique vinicole en France, Pouvoir de prescription et construction de la confiance, L’Harmattan, 2004, 252 p.

[26] Geneviève Teil, De la coupe aux lèvres, Pratiques de la perception et mise en marché des vins de qualité, Octares Editions, 2004, 340 p.

[27] Anthony Rowley, Jean-Claude Ribaut, Le vin, Une histoire de goût, Gallimard, 2003, 159 p., p. 144.

[28] Emile Peynaud, Œnologue dans le siècle, Entretiens avec Michel Guillard, La table ronde, 1995, 254 p., p. 113.

[29] Gilbert Garrier, « La femme dans la société beaujolaise au siècle dernier », L’imaginaire du vin, 416 p., p. 333.

[30] Emile Peynaud, Œnologue dans le siècle, Entretiens avec Michel Guillard, La table ronde, 1995, 254 p., p. 225.

[31] Marion Demoissier, Hommes et Vins, Une anthropologie du vignoble bourguignon, Editions Universitaires de Dijon, 1999, 438 p., p. 300.

[32] Charles-Ferdinand Ramuz, Fête des vignerons (1929), Editions Séquences, Rezé, 1991, p. 29.

[33] Colette, "En Bourgogne", Prisons et Paradis, 1932, R. Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 1989, t. 2, p. 1001.

mise en ligne : 01/02/2005

POUR CITER CET ARTICLE :
Eric Pothier, "La présence du vin dans l'imaginaire contemporain : une pluralité de sens", Cepdivin.org, février 2005, [En ligne] http://www.cepdivin.org/articles/pothier01.html (Page consultée le ).


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